*Réveillonner*

Recevoir quelques amis

Un, deux, trois, quatre, cinq, six, huit, .......

Et tous ces enfants

Aïe, il faudrait pousser les murs

Alors que c'est impossible

Mettre les petits plats dans les grands

Alors qu'on en a seulement des petits

Allonger la table

Mais la nappe ne suit pas

Définir le menu

Alors qu'on ne sait pas choisir

Poissons, viandes, crustacés?

Petits légumes, purées, farces variées?

Vidée, je suis, en cette fin d'année

Elle est lourde, vraiment, cette fin d'année

Tout emmêlées, mes pensées

Aucune idée

Aucune

Vous voulez apporter quelque chose?

Ah, mais oui, apportez ce que vous voulez

Ce sera parfait

Pour moi c'est trop compliqué

Je me perds jusque dans ma cuisine

Venez avec vos mets

C'est une excellente idée

J'agrandirai la table

Je trouverai une deuxième nappe

Je viderai toute la vaisselle des placards

Je sortirai le Champagne

J'allumerai quelques bougies

Et on devrait se régaler

Jusqu'au premier janvier

*S'émerveiller*

Marie-Merveille

A des petites couettes

Tout autour de la tête

D'adorables gambettes

Des socquettes en dentelle

Elle traverse le parc en riant

Pour rejoindre son frère

Sa soeur

Son autre soeur

Et puis son plus grand frère

Et je me dis

Quelle merveille

Oui

Quelle merveille

Cette petite fille

Et ce prénom au-dessus d'elle

*Citer*

"- Moi, j'aimerais bien être le Père-Noël...

- Pourquoi?

- ... parce qu'il ne meurt jamais...

- ... "

*S'interroger*

En silence

Ne pas comprendre

Tant de petites choses

Des absences

Des mots

Des cris

Des comportements

Y réfléchir

Longuement

Toujours

En silence

*Se couvrir*

De jolies mitaines

Comme ça

Des bas de laine

Ajourés quand même

Une mousseline légère

Colorée peut-être

Sous le tissu sombre

De la robe d'hiver

S'emmitoufler encore

Se cacher en somme

Remonter le col

Jusqu'à la pointe des oreilles

Sortir dans le soir

Etre saisie par le froid

Trottiner plus vite

Resserrer les bras

Arriver enfin

Pousser la porte du bar

Dérouler l'écharpe

Défaire les étapes

Se sentir un peu nue

Et, selon le regard d'en face,

Rose et fraîche

Ou rouge écarlate

*Imaginer*

Un très beau voilier

Et toi qui le gouvernes

Seul

Sur cette grande mer inconnue

Je pense à ton sourire

A ta sagesse

A ta souffrance

Et cela me bouleverse

Je pense à elle

A eux

A tous les tiens

Et leur douleur est la mienne

Mais puisque tu y tiens

Je le sais

Je vais laisser le vent

Sécher mes larmes

Et ramener vers moi

Les souvenirs joyeux

Et les petites histoires

Tu aimais, je crois, écouter mes Papillonnages

J'espère que tu entends celui-là

Il est pour toi

*Entendre*

Une voix

Une voix douce

Une voix chaude

Une voix grave

Une voix rassurante

Une voix d'homme

Au téléphone

Dans la foule

Derrière moi

Dans le noir

Au théâtre

Dans un bar

A la fac

En haut des marches

Un jour, quelques temps après, tu as coupé ta mèche, celle que j'ai vue la première, après ta voix. Oui, c'est ta voix que j'ai vu d'abord.

*Se soigner*

Rester au chaud

Encore un peu

Se glisser sous la couverture

Douce

Fermer les yeux

Se laisser bercée

Par un ronronnement familier

Ouvrir les yeux

Sur le gris du ciel

Boire un peu

Espérer le soleil

Penser aux choses tristes

Puis aux choses gaies

Oui

C'est sûr

Demain je me relève

*S'isoler*

Rester au chaud

Tenter de démêler les noeuds du tricot

*Progresser*

Bientôt

Peut-être

Le papillon

Saura

Sans son crayon

Dessiner

Des motifs

Et les reproduire

A l'infini