
Vous vous étiez installés sous la bretelle
A l'ombre des embouteillages
Une bande d'herbe
Vous étiez là
Pas de commodité ni de confort moderne
Juste le luxe d'être ensemble
Vous aviez ramassé porté transporté
Coupé clouté attaché consolidé
Les planches les tôles les bouts de bois les tiges d'acier
Vous aviez imaginé bâti construit fabriqué
Une série une suite de cabanes en rangée
Vous aviez glané récupéré inventé
Une chaise une casserole un matelas un escalier
Et vous aviez égayé l'ensemble de tissus colorés
De bambins nus pieds
De guitares de bijoux de vases dorés
Et moi je passais le matin et je jetais un oeil
Je trouvais cet ensemble cette ligne belle courageuse émouvante
Une oeuvre d'art que personne ne prenait le temps de voir
Et il y avait votre désoeuvrement
La boue les flaques les jours de pluies parfois le vent
Tous ces enfants que l'on n'attendait pas sur les bancs
De quoi faire réfléchir un bon moment
Et ce matin
Un choc
Vous n'y étiez plus
Les bennes étaient remplies des bouts de votre vie
Les tractopelles avaient fait leur travail
Leur bras de fer avait anéanti le vôtre
Un choc
Le terrain vide immobile
La terre battue
Le silence du moment me serre la gorge
Vous avez fui sûrement
Je ne sais où dans quel trou
C'est l'été
Sur le périph c'est bondé
Les parisiens partent en vacances