J'ai pris ta main
Caressé ton bras amaigri
Ta peau fine faisait des petits plis sur tes os
Je t'ai dit
Mamie
Je t'ai dit
C'est moi
Je suis là
Je suis venue te voir
Tu m'entends mamie ?
J'ai caressé ta tête tes cheveux
Embrassé ton front
Tes yeux
Tes yeux toujours bleus se sont ouverts doucement
Tu m'as regardée
Mais ils n'ont pas souri tes yeux, mamie
Tu avais compris
De tes chuchotis fatigués
Ta voix ne parvenait plus à sortir
Mais on percevait dans leur souffle
Ta tristesse de partir
Tu dormais souvent
Et je me demande à quoi tu rêvais pendant ces longues absences
Si tu revoyais la jeune femme que tu avais été
Si tu revivais ton passé tes rencontres tes baisers
Moi, mamie, quand je somnole quand je m'abandonne
C'est souvent dans mon passé que je me promène, tu sais
Je rêve à d'autres chemins
Je me souviens
J'espère que tes souvenirs au moins étaient aussi doux que les miens
Tu voulais qu'on t'emmène, mamie
Qu'on t'arrache d'ici
Qu'on te soulève de ce lit
Qu'on te prenne dans nos bras
Qu'on te sorte de ce corps immobile et raide qui t'avait peu à peu fait prisonnière
Qu'on t'accompagne
Qu'on te garde
On a fait pour le mieux, mamie
Et puis
Et puis
Ils t'ont mise dans la terre
Et je n'étais plus là
Ils t'ont mise dans la terre
Les vacances m'avaient déposée sous un autre soleil
Ils t'ont mise dans la terre
Ils t'ont couverte de fleurs
Ils t'ont mise dans la terre et tu ne m'entends plus
Maintenant
C'est sûr
Ils sont tous partis
Je ne suis plus une petite fille