26/04/2014

*Rester*



















Je me lève il est trop tôt mais je sens l'envie d'écrire qui me pousse.
J'écris la première phrase qui trotte depuis plusieurs heures déjà.
Et puis je l'efface.
Je ne veux pas que vous sentiez mon doute.
Je recommence.
Je change de direction je choisis celle-là j'aligne quelques mots.
J'efface.
Je ne veux pas que vous sentiez ma déception.
Je change de ton.
Et puis non.
Je ne veux pas que vous tentiez de lire entre les lignes.
Ha oui, je sais. C'est ça qu'il faut que je vous raconte.
J'efface. Je ne veux pas que vous sachiez ma joie.
Surtout ne plus faire de lien, garder tout pour soi, ne pas écrire tu sais j'aimerais bien. Non non non.
Plus rien.

Je regarde les pucerons vert tendre s'agglutiner sur mes boutons de rose. Je pense à tout ce que je voudrais écrire et que je n'écris pas.
Je pense aussi à la déconcertante sincérité avec laquelle je me confie parfois. Je pense encore au déconcertant mutisme dans lequel je m'emprisonne aussi.

J'ajoute une pensée pour quelqu'un que je ne connais pas et dont je viens de lire un très beau texte ce matin. Comme cette personne ne me lit pas, elle n'en saura rien, c'est bien.

Restons dans nos coins.

Tiens.
Oui.

Restons dans nos cases. Restons dans nos solitudes. Restons dans nos doutes. Restons dans nos villes. Restons dans nos silences. Restons dans nos douleurs. Restons dans nos sourires. Restons dans notre confort. Restons dans nos certitudes. Restons dans notre bonheur. Restons dans nos bras. Restons sur nos pieds. Restons incertains. Restons silencieux. Restons éloignés. Restons névrosés. Restons allongés. Restons devant nos écrans. Restons inertes. Restons dans le bain. Restons étrangers. Restons blessés. Restons évasifs. Restons en bordure. Restons compliqués. Restons calmes. Restons sur notre banc. Restons grands. Restons rien. Restons affamés. Restons sur notre chemin. Restons dans nos pensées. Restons sages. Restons émerveillés.
Restons muets. Restons sur les grands axes. Restons morts. Restons dans nos souvenirs. Restons en rade. Restons sur le tapis. Restons ignorants. Restons heureux. Restons de marbre.

Ne nous rencontrons pas.

Ce n'était pas du tout ça que je voulais écrire ce matin.
Je reviendrai demain.



2 commentaires:

Miss Marmotte a dit…

Dans mes montagnes, j'ai un très joli jardin, tout fou, tout flou, en transformation puisque, je me dois de jardiner différemment.....je suis bien sûre qu'un papillon en papillonnage, si plairait, et si sentirait en liberté....assurémment....en gardant ou en perdant, je ne sais ses "restons"......belle fin de journée....

arrosoir a dit…

Ces restons sont d'un ton ! il faut organiser des lectures !