J'avais été débarquée à Cannes en pleine nuit avec un sac énorme rempli de robes. La nuit était douce j'étais seule j'avais 21 ans peut-être et aucun endroit pour dormir. Je me suis laissé entraîner dans une caravane. Dans les sanitaires du camping, j'ai tout fait pour être jolie et je suis descendue sur la Croisette avec mes lunettes. Je me souviens du muret bordant la plage où je me suis assise en dos nu et où des jeunes passionnés de cinéma m'ont cueillie. Il y a celui qui me demande, je peux voir vos yeux ? Elles étaient très noires mes lunettes de starlette. Il y a l'autre qui m'invite en terrasse. Il y a ce chauffeur de star qui me dépose une fois au Carlton pour faire semblant et une autre fois en bas des marches pour faire comme ci. Il y a l'acclamation du public au moment où j'avance sur le tapis rouge et la panique qui me fait avancer plus vite. Je me retourne, évidemment tous ces objectifs qui se lèvent ne sont pas pour moi mais pour Bruce Willis qui arrive dans la voiture suivante. Et puis ce slow en bordure de piscine sous une guirlande aux ampoules multicolores et puis ceux qui m'invitent à venir dormir dans leur studio très partagé déjà et où j'enjambe Marie Desplechin enlacée avec son amoureux quand je m'enfuis au petit matin.
Et si on filait à Cannes dans la nuit ? Je veux être débarquée encore et ne rien savoir du jour qui va suivre. Allez, viens...
Le carnet de papillonnages est dans la boutique.
1 commentaire:
Je découvre ta poésie simple et pure, je ne peux pas exprimer à quel point tes dessins tous blancs me touchent ni la foule d'émotions que le verbe coquilicoter sait raconter, implicitement, l'air de rien.
Une immense admiration pour ton travail.
Et parce qu'instinctivement j'ai pensé aux abeilles d'Emily Dickinson :
"To make a prairie it takes a clover and one bee,—
One clover, and a bee,
And revery.
The revery alone will do
If bees are few."
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