10/05/2014
*Citer*
Il s'est glissé contre moi dans mon lit. Il se penche sur mes pages et dit tout haut :
"Les tables sont à l'ombre des bâtiments de l'hôtel. L'air est immobile, il n'y a pas de vent."
- C'est nul ce que tu lis.
Je souris et je pense, c'est beau ce que j'entends.
Je poursuis ma lecture :
"Je vous regarde. Vous regardez l'endroit. La chaleur. Les eaux plates du fleuve. L'été. Et puis vous regardez au-delà. Les mains jointes sous le menton, très blanches, très belles, vous regardez sans voir. Sans bouger du tout, vous me demandez ce qu'il y a. Je dis comme d'habitude. Qu'il n'y a rien. Que je vous regarde.
Vous ne bougez pas tout d'abord et puis, de là où je suis, je vois un sourire dans vos yeux.
Vous dites :
- C'est un endroit qui vous plaît, ici, un jour ce sera dans un livre, la place, la chaleur, le fleuve.
Je ne réponds pas à ce que vous dites. Je ne sais pas. Je vous dis que je ne le sais pas à l'avance, que c'est au contraire rare quand je le sais."*
*
Pendant la promenade, j'ai entendu le bruit d'une brosse qui frottait la pierre mouillée. La pierre tombale mouillée. J'ai aimé entendre ce frottement. J'ai aimé l'abandon de cette promenade.
Cet endroit me plaît. Je voudrais pouvoir dire qu'il sera un jour dans un livre.
*
"J'ai renoncé à me comprendre", dit Etienne Daho mardi matin chez Pascale Clark.
Je crois qu'il faudrait que je renonce aussi.
*Emily L. Marguerite Duras.
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