Il parle de margelle et je pense à cette petite comptine que me disait ma grand-mère et que j'ai tant répétée. Cette petite comptine où il est question d'une tartine et qui commençait par "Minette minette, d'où viens-tu ?....."
Cette petite comptine qu'il fallait dire en caressant le creux de la main. Cette petite comptine.
Il parle de margelle et de puits et d'amour perdu. Au fond.
Je pense à la tonnelle, j'imagine une glycine. L'ombre parfumée.
C'est là qu'elle écrit une lettre, une longue lettre. Une lettre qui raconte la solitude et le silence et le doute et l'incompréhension et l'inquiétude et l'amertume et le soulagement. Elle écrit. Elle écrit car elle a décidé de poster, de se délier de l'immobilité, de dire, de creuser, de relier. Elle a cherché elle a supposé elle a trouvé elle a extrapolé, elle sait où envoyer comment rejoindre, traverser. Oui, elle sait, elle est déterminée.
Et puis la lettre, les longues pages noircies, la petite écriture qui remplit tout, qui ne s'arrête plus qui ne doute pas qui dit qui avoue qui interroge. C'est soudain comme un roman. Un petit roman.
Et puis elle plie en deux glisse dans l'enveloppe colle enferme protège cachette l'histoire les mots la lettre le baiser. Le baiser de la dernière ligne. Très droite.
Sur la margelle du puits pose la lettre et court chercher l'adresse.
Il ne reste que le silence de l'ombre sous la tonnelle.
Et puis revient et c'est le courant d'air.
La lettre.
Légère.
Tressaille à peine et, frôlant dans un bruit sec la pierre la margelle le lichen, se suspend un instant dans le parfum avant de tomber.
Le puits.
Tourbillons. Lents. Elle volette. Danse. S'enfonce dans le sombre, blanche. S'enfonce encore. Encore encore encore. Disparaît dans le profond.
Elle. Celle qui revient avec l'adresse. Elle. S'arrête brusquement défaille. Impuissante face au tressaillement de l'enveloppe. A la merci du souffle du vent. Tremble. Ne respire plus un instant. Ne respire plus. Encaisse. Suffoque presque. S'enfonce dans le sombre elle qui juste se redressait. Replonge. Soudain si pâle. Blanche.
Et par ici, des couleurs du Rififi...
1 commentaire:
J'ose un commentaire pour la première fois bien que venant par ici depuis quelques moments... juste un grand merci pour ce que tu écris, je suis à chaque fois transportée.
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