Pendant que je n'écris plus, le parquet de l'hôtel particulier grince sous mes pas. Je suis seule dans le musée, j'avance seule dans la pénombre, je vais jusqu'à éviter la clarté. Je me délecte de cette solitude silencieuse. Je me délecte des pampilles. Je me délecte de ma mélancolie, en même temps qu'elle me pourrit les yeux.
Pendant que je n'écris plus, je piétine ma tristesse à petits pas très doux, je muselle mes doutes de tes doigts emmêlés, et j'enfile des éclats, des éclats de rire légers.
Pendant que je n'écris plus, il arrive qu'on m'enlève et que j'emmagasine de quoi écrire pour les années à venir, si je me remets à écrire.
Pendant que je n'écris plus, je lui dis, j'ai toujours le même ton je voudrais changer de chanson je m'accroche au même souvenir il me faut des années, vous voyez, des années pour ne plus y penser. Je vois très bien, il dit, ça me rappelle cette histoire de grain de beauté, je vais vous la raconter.
Pendant que je n'écris plus, je trébuche encore, encore et encore, encore et encore tellement, sur le même trottoir, la même aspérité, toujours, qui n'en finit pas de grossir, insidieuse.
Pendant que je n'écris plus, il s'ébauche aussi des prémices de toutes sortes qui me ravissent. Il faut dire que les prémices, c'est toujours ravissant.
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