Et donc.
Alors que je piétinais tranquillement vous savez quoi, j'avançais dans la douceur de ce samedi après-midi, je déambulais je vagabondais je flânais je rêvassais, presque je me délectais.
Rue du pont Louis Philippe, la galerie.
Hervé Guibert. Une photo d'Hervé Guibert. Une jolie photo d'Hervé Guibert dans la vitrine. Toujours. Toujours quand je passe une photo d'Hervé Guibert, là. Et une pensée pour Mirabelle.
Je continue. Deuxième vitrine de la galerie. Elle est presque vide. Comme la première.
Trois choses. A droite, posé à plat, un livre sur l'histoire de cette galerie. Au centre, une grande photo, à la verticale, une belle photo en noir et blanc. A gauche, une feuille blanche posée à plat, avec écrit dessus, "Bail à céder" et deux numéros de téléphone.
Je ne comprends pas tout de suite ce qui me plaît. J'hésite à faire une photo mais je sens que ce qui me touche dans la vitrine n'apparaitra pas sur la photo. J'aime le vide qui l'occupe. La poussière. Les peintures vieillies. Le léger abandon. Le début d'abandon.
Je laisse un peu traîner mes yeux. J'accroche encore un peu mon regard à la vitrine à la photo à la poussière au bail à céder alors que je reprends ma marche sur le trottoir. Et puis je pars.
Alors.
Un homme court derrière moi et me rattrape.
Il dit, c'est moi qui ai fait cette photo, seriez-vous d'accord pour que je fasse votre portrait ?
Silence. Une seconde. Sourire. Vous me mentez, je lui dis. Et je pense, je ne suis pas née de la dernière pluie vous le voyez bien.
Mais non, insiste-t-il. C'est bien moi qui ai fait cette photo et j'expose à l'intérieur.
Ha. Bon. Eh bien, montrez-moi votre exposition.
Et nous entrons.
J'avoue que je regarde à peine les photos accrochées sur tous les murs. Mon esprit est préoccupé par les petites phrases. Seriez-vous d'accord ? Un portrait de vous.
Il dit, j'ai une autre exposition aussi. Le vernissage est la semaine prochaine.
Alors je viendrai, je réponds.
Echange formel des petites cartes, je repars.
Au bout de la rue, la Seine était éclairée par le soleil presque couchant.
J'ai pris à gauche, j'ai fait danser ma jupe sur mes jambes nues, puis j'ai pris un vélo et j'ai zigzagué dans les petites rues.
2 commentaires:
Un vieux Papillon sur le déclin, dites-vous, ah, non, mais là, je ne peux vous croire.....! irez-vous au vernissage....???? je trouve cette idée de portrait drôlement agréable....elle me plaît pour vous du moins....
Merci pour ce très beau texte. À la fois subtil et profond. Plein de justesse et de sensations.
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