25/09/2016
*Dévier*
La dernière fois qu'elle n'a pas dansé elle prenait un café. Des mèches de ses cheveux voletaient dans sa bouche elle avait mis le soleil dans son dos elle sentait ses rides sourire mais cela n'avait plus d'importance.
"Ce n'est pas se résoudre, mais s'éteindre en silence. Il lui faut reconnaître sa défaite, accepter le bruit long de la chute puis le silence creux de son être vidé, être la seule à l'entendre résonner dans le jaune de l'été."*
La dernière fois qu'elle a dansé c'était sur cette chanson-là et c'était d'une grande gaieté. Ils étaient seulement quatre sur la petite piste, accompagnés par la joie, elle n'était pas vraiment elle ou alors peut-être l'était-elle complètement tu vois.
"A la noce, elle était gaie, cela n'a rien à voir avec le bonheur."*
A boire du rhum, à danser sous la lune, à faire tourner sa jupe, à s'appuyer aux comptoirs, à sombrer dans le noir, à user ses talons sur les trottoirs, on ne tient pas la route. A regarder l'horizon, à emprunter les chemins de traverse, ceux qui sentent la noisette, on ne tient pas la route, non, on dévie.
Tu dévies tu te dis, ces chemins sont dans ta tête, tu dévies mais tu sens combien sont douces les pentes des courbes déviantes.
Juste avant d'ouvrir les yeux.
"Elle n'est plus que l'enveloppe d'elle-même, un corps qui se lève, mange, dort, ronge au sang ses ongles d'ouvrière ; elle réussira bien, à force de se dépeupler, à n'en plus souffrir."*
Les lectures, parfois, hein, les lectures.
Et puis au fond de la petite ruelle, la rose.
On se fabrique des images au fond des impasses, là où s'arrêtent les petits chemins de traverse, là parfois où commencent les caresses.
L'escalier était vert.
"Elle a des audaces."*
La dernière fois que je danserai, j' espère que j'aurai oublié tous mes regrets.
"Elle a beau chercher, elle ne cherche plus, elle vient de trouver. Elle est belle, à genoux."*
*
Ecrire un peu en mêlant aux miennes quatre phrases sorties des quelques pages de ma lecture matinale : Les gens dans l'enveloppe, Isabelle Monnin.
23/09/2016
*Automner*
Les temps ne sont pas à l'écriture.
Les temps sont à l'automne, aux choses qui dégringolent.
*
Les temps sont aussi aux nouveautés.
12/09/2016
*Se balancer*
Il la soulève et elle attrape les deux anneaux qui semblent accrochés très haut dans le ciel noir.
Il la pousse et elle se balance, suspendue par les bras, éclairée dans l'immensité obscure, le visage rayonnant de joie, lumineuse.
Sa robe longue volète derrière elle, puis devant quand le balancement s'inverse.
Les femmes se succèdent et la scène se répète.
L'homme qui soulève. Les bras qui se tendent vers le ciel. Le visage radieux. La robe sublime. Le doux balancement silencieux du long corps gracieux.
Il y a ce moment aussi où une femme parcourt tranquillement le devant de la scène et se penche en offrant ses seins, qu'elle sort à peine de son décolleté, posés dans ses deux mains. Elle répète en silence et en souriant ce mouvement d'une sensualité émouvante.
Ecrire les scènes qui restent en mémoire plusieurs jours après un spectacle pourrait être un exercice. Ces deux-là sont dans ma mémoire depuis une semaine, sorties de mon Pina annuel, une création de 1986.
*
Un jour quelqu'un m'a dit, je me protège, pour m'expliquer son silence.
Je comprends maintenant.
Certains mots me heurtent sans le vouloir. J'ai besoin d'espace temps pour ne plus entendre un peu.
Ne me demandez pas pourquoi.
*
Je regarde les volubilis s'enlacer chaque matin un peu plus et c'est beaucoup déjà.
*
Une confidence quand même : les calendriers 2017 sont presque prêts !
04/09/2016
*Noircir*
- Oui mais c'est un peu noir.
- Oui mais c'est beau.
- Oui mais mes lectrices n'attendent pas ça. Mes lectrices veulent les robes légères les chaussures vertes les nuits qui dansent les trottoirs luisants l'horizon qui aspire, la malice. Mes lectrices attendent le papillon au tournant, pas le cafard et sa déchéance annoncée, même avec élégance. Tu comprends? Mes lectrices veulent les mots d'amour inventés la mélancolie fleurie les larmes aux paupières dorées les doux songes en bordure de l'obscurité. Mes lectrices ne veulent pas le noir profond de la plume ni l'abandon dans l'irrémédiable pente, l'inévitable précipice.
- Laisse le papillon te porter vers d'autres rives.
- Où je pourrai m'échouer ?
Ça bascule entre rose et noir. Comme moi.
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