20/10/2016

*Epousseter*





































Dans mon rêve je porte des chaussures à talons hauts mais il m'en manque une.
Je me demande ce que le divan en dirait.
Dans mon rêve je marche dans une rue pavée sur la pointe des orteils de mon pied nu.
Il y a un lac derrière.
Il me manque une chaussure mais je ne suis pas inquiète. Je marche sur les pavés talon aiguille et pointe nue.
C'est peut-être parce que mon cordonnier m'a dit que je pouvais passer le voir, même sans chaussures ?
Ou bien c'est Cendrillon qui me poursuit encore.
Peu importe. C'est l'image et sa sensation qui me restent.

*

Je pense souvent, quand j'avance en presque sautillant sur les trottoirs luisants, à Nadia Vadori-Gauthier qui danse une minute par jour dans un endroit différent de la ville et d'ailleurs.
Je rêve de danser dans la ville depuis Mauvais sang. J'ai beaucoup vieilli pourtant.
Alors quand la petite musique dans mes oreilles m'entraine un peu, même avec mon caddie à étoiles, j'esquisse un saut de chat entre les matelas à l'abandon et les fleurs en plastique des vitrines. Je tourne sur le ciel éparpillé en mille morceaux sur le boulevard, je me suspens au cri métallique du dernier métro aérien, je tangue dans les impasses.
Peut-être que je rêve. Je rêve que je danse.

*

J'ai mis une robe d'un autre temps et caché un peu de dentelle. La coupe est pleine, c'est enivrant. Je vis ma vie en noir et blanc.

*

Je sais bien ce qu'ils diront.
Mais j'époussette la réalité.
Pfuitt. Comme ça !


13/10/2016

*Tituber*




Tituber parce que c'est joli, je titube tu titubes, c'est joli, tituber d'ivresse, tituber de joie, tituber d'amour, tituber de tristesse, tituber de danser follement, tituber de doutes, tituber d'errance.

*

Je titube
Je ramasse des pommettes
Je fais un petit dessin le matin
Je m'offre à la dentelle
Je coupe des légumes en rondelles
J'embrasse leur nuque penchée j'enlace leur corps de rêve
Je ne marche plus je sautille
Je dodeline
J'écoute Baudelaire s'élever au-dessus de nos pintes ambrées
C'est beau. C'est si beau. Ça effleure.

*

J'ai retrouvé la sirène. Ses cheveux délavés couvrent ses épaules rondes de laine.
Elle fait des Sudoku à plat ventre sur le trottoir, le corps gainé dans son duvet kaki clair.
Plus de tente ni de parapluie pas de sourire, elle parle aux courants d'air avec une certaine nonchalance sur l'anthracite.

*

Pourvu qu'elle titube.
Moi aussi je parle aux courants d'air et je souris à la Seine, cela apaise.

Je veux croire qu'il n'est pas vain de tituber et je veux continuer à me tenir en déséquilibre  sur l'imperceptible puisque je ne sais pas faire autre chose.


*

"Je marche à toi, je titube à toi...", écrit Gaston Miron.
Ceux qui ont le temps peuvent l'écouter là, par Babx. 
C'est magnifique.


03/10/2016

*S'effilocher*











































Tu te demandes pourquoi ce petit manteau. Et ces chaussures.
Tout à coup, tu n'assumes plus.
Tu te demandes pourquoi ce chemisier. Tu regrettes. Tu passes ta main trop de fois dans tes cheveux. Tu penses au trait noir sur tes yeux.
Tu te.
Tu te désagrèges en souriant.
C'est l'effilochement.

Tu passes la plupart de tes jours à t'effilocher. Tu tires un à un les petits fils qui à peine déjà te tiennent. Tu les emmêles et tu ne parviens plus à. Tu vois ? Tu ne parviens plus. Tu ne parviens plus nulle part ailleurs que dans le désordre de tes propres fils.
C'est peut-être le regard aussi. Celui que tu reçois. Une affaire de regard peut-être. Il faudrait développer, là.
Il faudrait développer les regards. Ceux qui ne regardent pas. Qui regardent sans voir.
Le regard qui écrase. Le regard qui ignore. Celui qui caresse. L'autre qui s'interroge. Qui s'intéresse.
Le regard qui te fait courber la nuque. Le regard qui méprise. Celui qui admire. Celui qui juge. Le regard absent. Celui qui manque. Et celui qui de façon inattendue te fait te redresser si vivement que tu en vacilles.
Il faudrait développer les regards.

*

Le fou rire à cause d'une chanson qui passe en boucle.
Le soleil sous lequel je m'échappe ce sombre dimanche.
Le cocktail ivoire sous le regard de Marguerite D.
Les petits oeillets qui fanent dans les coupes.
L'autour.
Le rose du crépuscule.
La robe de soirée que l'on ferait s'envoler comme sur cette photo en noir et blanc.
Une allumette que l'on craque et une porte que l'on prend.
Les arbres noirs dans la nuit.
Les bougies.
Et

On pourrait coudre à petits points les instants qui s'enchaînent et ceux qui d'une façon ou d'une autre se figent. On pourrait coudre à petits points blancs. Ce serait joli.

*

Merci beaucoup pour vos commandes.