Tu te demandes pourquoi ce petit manteau. Et ces chaussures.
Tout à coup, tu n'assumes plus.
Tu te demandes pourquoi ce chemisier. Tu regrettes. Tu passes ta main trop de fois dans tes cheveux. Tu penses au trait noir sur tes yeux.
Tu te.
Tu te désagrèges en souriant.
C'est l'effilochement.
Tu passes la plupart de tes jours à t'effilocher. Tu tires un à un les petits fils qui à peine déjà te tiennent. Tu les emmêles et tu ne parviens plus à. Tu vois ? Tu ne parviens plus. Tu ne parviens plus nulle part ailleurs que dans le désordre de tes propres fils.
C'est peut-être le regard aussi. Celui que tu reçois. Une affaire de regard peut-être. Il faudrait développer, là.
Il faudrait développer les regards. Ceux qui ne regardent pas. Qui regardent sans voir.
Le regard qui écrase. Le regard qui ignore. Celui qui caresse. L'autre qui s'interroge. Qui s'intéresse.
Le regard qui te fait courber la nuque. Le regard qui méprise. Celui qui admire. Celui qui juge. Le regard absent. Celui qui manque. Et celui qui de façon inattendue te fait te redresser si vivement que tu en vacilles.
Il faudrait développer les regards.
*
Le fou rire à cause d'une chanson qui passe en boucle.
Le soleil sous lequel je m'échappe ce sombre dimanche.
Le cocktail ivoire sous le regard de Marguerite D.
Les petits oeillets qui fanent dans les coupes.
L'autour.
Le rose du crépuscule.
La robe de soirée que l'on ferait s'envoler comme sur cette photo en noir et blanc.
Une allumette que l'on craque et une porte que l'on prend.
Les arbres noirs dans la nuit.
Les bougies.
Et
On pourrait coudre à petits points les instants qui s'enchaînent et ceux qui d'une façon ou d'une autre se figent. On pourrait coudre à petits points blancs. Ce serait joli.
*
Merci beaucoup pour vos commandes.
3 commentaires:
oh, oui cousons à petit point, j'y passerai des heures comme pour faire dans la dentelle....merci.....
j'aime cette façon d'écrire je ne m'en lasse pas, de ce balancement doux
La vie, c'est souvent cousu de fil blanc ... et c'est très bien comme ça ... :-)
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