J'ai coupé des fleurs fraîches et blanches au laurier, j'en ai rempli quelques vases. Une certaine façon de s'apaiser, j'ai écrit. J'étais aussi tourmentée que l'orage.
J'ai entendu mes paroles se déverser aussi subitement que l'averse puis s'interrompre dans l'épais brouillard qui s'est élevé au-dessus de l'asphalte.
Je me suis exercée à l'abandon, on m'y avait invitée. Cela m'avait fait l'effet d'une claque.
J'en ai gardé longtemps un léger balancement. Une danse forcée.
"Les années ont passé
Je ne sais plus dans quel ordre
Je n'ai pas trop parlé
Il y avait tant un dire
Les années ont passé
Je n'ai pas trop parlé
Je n'avais pas le goût
Je parle en fou"*
Et moi je pense en désordre et je ramasse chaque soir les pétales tombés sur le bois et je n'écris plus les jours je les vis d'abord, je respire le parfum des tilleuls et celui de la pluie dans les feuillages, j'enfile des jupes pour les faire tourner depuis que je tiens debout, je m'allonge dans des baignoires tout habillée et les fleurs de ma robe s'épanouissent dans l'eau et me recouvrent, si tu avais vu le rouge, je regarde mes garçons avec l'amour nécessaire aux papillons et je recueille les reproches autant que mes maladresses, je me suis tellement tue que cela me tourne la tête.
Je parle en fou, Bertrand Belin.
A écouter surtout. (Pas besoin des images.)
1 commentaire:
J'adore -surtout- l'image surréaliste de la robe en fleurs épanouies dans la baignoire...
Vous ai-je déjà fait entendre ça :
https://www.youtube.com/watch?v=mRTRaDN8PVo
Enregistrer un commentaire